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Daniel Defoe

Relation véridique de l'apparition d'une certaine Mrs. Veal...

D'Alexander Selkirk à Robinson Crusoé

Hymne au pilori



Relation véridique de l'apparition d'une certaine Mrs. Veal, le jour suivant sa mort, à une certaine Mrs. Bargrave, à Canterbury, le 8 septembre 1705... / A True relation of the Apparition of one Mrs. Veal, the next Day after her Death, to one Mrs. Bargrave, at Canterbury, the 8th of Deptember, 1705...


Récit traduit de l'anglais par Emmanuel Malherbet
alidades 2012, collection ’Bilingues’,
cahier de 12,5 x 21 cm, 36 pages, ISBN 978-2-919376-14-8, 5,00 €

Histoire de fantôme bien connue des lecteurs anglo saxons, La Relation véridique de l’apparition de Mrs. Veal, publiée en 1706, a été reprise de nombreuses fois, dans les anthologies de récits surnaturels anglais et américains. Traduite en italien, en espagnol, on aurait bien du mal à la trouver en français. Une tradition remontant à l’année 1790, puis reprise sans autre forme de procès, voit dans ce récit une œuvre de pure circonstance : il se serait agi de promouvoir la traduction du livre de Drelincourt sur la mort et l’après vie, autrement dit de rendre service à un libraire malheureux.
Mais l’intérêt de ce récit n’est pas dans ces considérations circonstancielles. Si histoire de fantôme il y a, force est de constater que les ingrédients attendus du surnaturel ont été évités : l’apparition se manifeste à midi, quand nul ne peut envisager qu’il s’agit d’une apparition. Rien d’extraordinaire ne se produit, et nulle terreur ne vient assaillir Mrs. Bargrave. Au contraire, tout est banal : deux amies se retrouvent après s’être perdues de vue, parlent du passé, évoquent soucis et misères, prennent (presque) le thé, causent chiffons et s’émerveillent de la qualité d’une robe portée pour l’occasion. Le tout, donc, bien ancré dans une matérialité qui n’a rien que de très ordinaire. C’est que tout est construit à la fois sur le décalage temporel (Mrs. Veal est morte la veille de son apparition, et personne ne le sait encore) et le double sens de propos qui ne s’éclairent que rétrospectivement. Ce dispositif vise d’abord à troubler le lecteur, et seulement à le troubler. On ne le convaincra qu’en y ajoutant, comme les éléments d’un procès, les témoignages de moralité indispensables : un juge de paix se porte garant d’une dame au-dessus de tout soupçon qui elle-même atteste des qualités d’honnêteté de Mrs. Bargrave. Bref, on jure sur l’honneur qu’apparition il y a eu, même si cette apparition ne traîne derrière elle aucun des attributs de l’au-delà.

Extrait :

" Cette relation est fondée sur des faits et comporte de tels détails qu’elle doit porter tout homme raisonnable à la croire. Elle a été envoyée par un homme respectable et d’une grande intelligence, juge de paix à Maidstone, dans le Kent, à son ami de Londres, dans les termes où l’on pourra la lire. En témoigne une dame de bien, digne et intelligente, habitant Canterbury, à quelques portes de la maison de la dénommée Mrs. Bargrave, et parente du susdit. Celui-ci pense que sa parente fait preuve d’un tel discernement que nulle tromperie ne peut l’abuser; elle lui a assuré que toute l’affaire, dans les termes où elle fut racontée et consignée, est absolument véridique et l’avoir elle-même reçue en des termes aussi fidèles qu’il se peut à ceux de Mrs. Bargrave. Mrs. Bargrave, qu’elle sait être une femme de grande honnêteté et vertu, et qui toute sa vie durant a fait montre, s’il en est, de piété, n’avait aucune raison d’inventer et de répandre une telle histoire, ni de forger et proférer un mensonge."

 


D'Alexander Selkirk à Robinson Crusoé.
Extraits du Voyage autour du monde de Woodes Rogers (1712).
Article de Richard Steele dans The Englishman du 3 décembre 1713.


Traduit de l'anglais par Emmanuel Malherbet
alidades 2023, collection ’Trouvures’,
cahier de 12,5 x 21 cm, 44 pages, ISBN 978-2-919376-76-6, 6,00 €

Au mois de février 1709, le corsaire Woodes Rogers recueille Alexander Selkirk dans l’archipel Juan Fernandez au large du Chili. Il rend compte de ce sauvetage dans son Voyage autour du monde, où il donne une description complète de la manière dont Selkirk a organisé sa survie, ainsi que des particularités de l’île où le reclus a séjourné plus de quatre ans.
En 1713, Richard Steele relate dans le journal dont il est rédacteur,
The Englishman, les entretiens qu’il a eus avec Selkirk, de retour en Angleterre.
Il ne fait guère de doute que ces écrits aient, parmi d’autres, inspiré Daniel Defoe dans l’élaboration du personnage et des aventures de Robinson Crusoé.
Les publier n’a d'autre but que d'ouvrir un peu plus vers l’amont d’une grande œuvre dont on sait combien elle a inspiré de suites et de variantes. Tout simplement aussi, satisfaire à la curiosité..

Extrait :

" Les rats venaient lorsqu’il dormait lui ronger les pieds ainsi que ses vêtements, ce qui l’obligea à gâter les chats à coups de viande de chèvre, si bien que certains furent à ce point apprivoisés qu’ils l’entouraient par centaines et eurent vite fait de le débarrasser des rats. De la même façon il apprivoisa quelques chevreaux, et pour s’amuser il lui arrivait de temps en temps de danser en chantant avec eux et les chats. Si bien que par la grâce de la Providence et la vigueur de sa jeunesse il vint à bout de vaincre tous les inconvénients de la solitude et de s’en accommoder. Lorsqu’il n’eut plus de vêtements, il se fit un manteau et une toque de peaux de chèvre assemblées au moyen de petites lanières du même matériau qu’il avait découpées au couteau. Il n’avait d’autre aiguille qu’un clou, et quand il ne resta plus rien de son couteau il s’en fit d’autres, comme il put, à partir de cercles de fer trouvés sur le rivage, qu’il battit pour les amincir et qu’il aiguisa sur des pierres. Comme il disposait de quelques morceaux de toile de coton, il s’en fit des chemises en les cousant à l’aide d’un clou et les assembla avec la laine de vieux bas récupérée à cet effet. Il portait la dernière de ses chemises quand nous l’avons découvert sur l’île."

 


Hymne au pilori (1703). Poème satirique.

Traduit de l'anglais et présenté par Emmanuel Malherbet
alidades 2023, collection ’L'impertinent’,
cahier de 12,5 x 21 cm, 44 pages, ISBN 978-2-919376-94-0, 6,00 €

Réagissant aux attaques virulentes portées par le pouvoir et l'Église d'Angleterre contre les non-conformistes, Defoe fait paraître en 1702 The Shortest Way with the Dissenters, pamphlet satirique, jugé séditieux, qui lui vaut condamnation à la prison et au pilori.
L'
Hymne au pilori, rédigé en prison, paraît le 29 juillet 1703, jour de la première exposition de Defoe sur le pilori, et connaît un succès immédiat : on s'en récite des passages retenus par cœur et la foule, plutôt que de conspuer le condamné, le protège, le désaltère, l'acclame, le soutient. Honte et déshonneur se retournent contre les instigateurs du châtiment.
Écrit dans une langue âcre et rythmée, l'
Hymne permet à Defoe de régler bien des comptes avec le pouvoir et les puissants de son temps.

Extraits :

1

Salut à toi ! Hiérofoutaiserie, machin d’État
Conçu pour châtier l’imagination :
Les humains, les vrais, tu ne leur peux rien,
Et tout un chacun méprise ton inanité.
L’outrage, de la honte ce faux synonyme
N’est que mot vide s’il n’y a pas de crime.
Rien qu’un fantôme pour abuser le monde,
Incapable d’effrayer les têtes sages et solides :
La vertu ignore le dédain des hommes
Quand l’innocence est parée de scandale.

14

Puis fais venir à ton banc ces juges abjects
Qui défont les lois qu’ils devraient défendre,
Et derrière l’équité se retranchent
Punissant les crimes qu’ils n’amendent.
Installe tous ces magistrats infects
Sur ton somptueux char de l’État :
Et qu’en triomphe ils défilent là,
Délestés de la pourpre et de l’écarlate.
Ne protège aucun de ces juges bien mariés,
Bons premiers à jouir des putains qu’ils châtient :
Eux qui siègent ivres et jurant,
Punissant moins de crimes qu’ils n’en commettent ;
Ils méritent bien qu’on les voie,
Avec dans les mains les symboles du pouvoir.
Qu’il grimpe aussi sur ta chaire le prêtre aviné
Qui tous les jours fait de l’Évangile billevesée ;
Que ses frères viennent ici le conspuer,
À moins qu’ils ne lui soient pareils ;
Qu’il récite ici son memento mori,
Enseignant par l’exemple plutôt que le verbe.
Et puis convoque le clergé lubrique,
Qui vitupère ces péchés dont lui-même ne se prive,
Ces fils de Dieu qui tous les jours prennent plaisir
Autant des filles que des épouses des gens :
Place les bien en vue sous les lazzis du monde,
Et sache préserver la réputation des autres.

 


 

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