éditions alidades



logo






À VOIR

alain saey
albertine

 

 

John Montague

Dans l'entre-deux / Border Sick Call

Traduit de l'anglais (Irlande) par Michèle Duclos, Magdelaine Gibson, Françoise Loppenthien, Sylvaine Marandon.
alidades 2014, collection “Irlande 21”, 12,5 x 21 cm, cahier, 40 pages, 5,30 €,
ISBN 978-2-919376-33-9

John Montague, né à Brooklyn en 1929, de retour en Irlande à l’âge de quatre ans, vit d’abord une enfance campagnarde avant de partir étudier à Armagh puis à Dublin (University College) où il publie ses premiers poèmes. Il poursuit sa formation aux États-Unis, revient en Irlande où il achève son premier recueil, puis s’installe à Paris où il demeure jusqu’en 1972, année de son installation à Cork. Son œuvre poétique compte près de quinze recueils publiés en Irlande, aux États-Unis et au Canada. Il a par ailleurs fait paraître des nouvelles et un court roman, des essais, ainsi que des traductions (notamment des poèmes de Claude Estéban, avec lequel il s’était lié lors de son séjour en France). Considéré comme l’un des poètes de langue anglaise les plus importants de sa génération, son œuvre lui a valu de nombreux prix et distinctions.
L’ensemble de ses poèmes a été rassemblé dans les New Collected Poems, publié par The Gallery Press à Loughcrew (Irlande) en 2012.

Border Sick Call, long poème en huit séquences, évoque la tournée que Montague, accompagnant son frère médecin, a faite dans cette zone de confins qui sépare l'Ulster de la République irlandaise : rencontres silencieuses et étranges dans l'hiver gelé et vide où se cache pourtant l'essentiel de l'espoir et du désarroi humains.

Extrait :

Seul un détail luit différemment.
Sur ce lough, où le soleil brûle
au-dessus de la glace argentée, comme pierre calcinée,
feu glaçant, rouge orange,
une barque au repos, enchaînée dans la glace,
glace sur le plat-bord, sur la proue et sur la poupe,
glace hérissant les cordes de l’ancre;
immobile, gelée, «la petite barque de mon esprit»,
la navicella del mio ingegno.
Pourquoi ne l’ai-je pas vue à la montée,
seulement sur le chemin du retour.

Je réfléchis, comme mon frère disparaît brièvement
par la demie porte d’une autre maison,
me laissant l’attendre, alors que des lueurs se rassemblent
pour former les bleus métalliques du crépuscule,
et j’observe, comme si un œil intérieur s’ouvrait,
des détails qui se répandent en brillance stéréoscopique,
un lièvre, qui sans gêne ni crainte,
s’apprête à bondir à travers l’herbe gelée,
des lapins qui s’égaillent prestement, tandis
qu’une corneille gagnant le bois en dessous
couvre de ses cris les appels incessants des moutons..

*


accueil / haut de la page