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José Ángel Leyva

Les trois quarts / Tres cuartas partes

Poèmes traduits de l'espagnol (Mexique) et présentés par
Cathy Fourez et Jean Portante


alidades 20
24, 12,5 x 21 cm, 64 pages, 7,00 €, ISBN 978-2-494935-05-1

José Ángel Leyva (Durango, Mexique, 1958), écrivain, journaliste, éditeur et promoteur culturel, dirige la maison d’édition et la revue littéraire La Otra, est responsable des publications de la UACM (Universidad Autónoma de la Ciudad de México) et collabore aux suppléments culturels La Jornada Semanal et El Laberinto. Il a publié plus de vingt-cinq livres dont des recueils de poésie, des nouvelles, des chroniques littéraires, un roman, des essais ainsi que des textes de vulgarisation scientifique.

L’exploration à laquelle convie Leyva dans Les trois quarts (2020) fouille les arcanes de la terre, se perd dans la «clarté terrible» des eaux, se fond dans l’organique et l’inorganique du beau et du hideux, s’incruste dans des biographies mutilées qui n’en ont pas fini avec la lutte. Ses vers traversent l’immensité des êtres et des choses qui se mêlent et s’emmêlent pour creuser la partie qui fait défaut – le «quart» absent, sous-entend le titre du recueil –, le silence qui accompagne le bonheur ou qui bâillonne le malheur. Poursuivre cette carence en appelle aux «quatre» éléments présentés tantôt comme matières brutes, tantôt imagés et ardemment adjectivés pour respirer l’irrespirable ou aspirer (à) des horizons prometteurs encore endormis, tous intimement liés à la trajectoire personnelle de Leyva.

Extrait :

LES TROIS QUARTS

Une poignée de terre n’est pas un homme
Les trois quarts font du rêve la substance
le souffle cérébral d’un feu qui s’oublie
le tremblement de l’œil devant la chair
Fugace elle imprime la gravité du jour
En repos elle respire des nuits lestées de rosée
éclairées par des torches et des lampes d’ancêtres
qui ont mis à sécher questions et peau après le naufrage

On ne sèche pas – à vrai dire – la clarté de l’expérience
On n’est pas certain d’être ni de trouver des réponses
L’incertitude ouvre les valves de la faim
de la douleur la démangeaison la tempête l’aube
Combien de fois la main lance-t-elle un signal de bienvenue
et de deuil
incapable d’ensevelir ou d’éparpiller la poussière d’un cœur à l’autre
de retenir l’alphabet qui s’évade du carnet de notes sur la table

De l’ignorance à la question les paupières s’ouvrent et se referment
perplexes devant cette lumière qui voyage occultée par l’oreiller
visible dans des larmes sans sel suspendues à la terre
Ce n’en sont pas les décombres d’hier mais les ruines
d’un avenir fait d’oubli
une langue déserte de confiance et d’air
La justice ne prescrit pas s’il y a un demain

On peut voir nettement les empreintes
d’images d’un moi suivi des autres
La foule du sud en quête d’un nord
sans rien à vendre ni recevoir en échange
juste la racine qui rend verticale la mémoire

Du temps il y en a et de la soif pour attendre la mort
sous l’arbre sans feuilles qui jette de l’ombre

L’absence de dieu chasse la peur
Le père et le fils stimulent la synapse
qui laisse voir leur commune solitude sous les ponts
les trois quarts liquides de l’homme

À Juan Gelman


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