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Daniela Danz


Daniela Danz, poétesse et écrivaine allemande née en 1976 à Eisenach, est vice-présidente de l’académie des sciences et des lettres de Mayence. Spécialiste en histoire de l’art, elle est aussi traductrice et éditrice. Elle a publié quatre recueils de poèmes, deux romans, des essais, des livres pour enfants et un livret d’opéra. Ses poèmes ont été traduits en de nombreuses langues, dont l’arabe, l’espagnol, le serbe, le tchèque, le polonais, l’arménien et l’albanais. La traduction anglaise du recueil Wildniß (Wilderness) par Monika Cassel a été finaliste du prix de traduction du Rhin en 2023. Elle a reçu de nombreux prix dont le prix de littérature de Thuringe en 2023, le prix de la langue allemande en 2022 et le prix allemand de Nature Writing pour un extrait de Wildniß en 2019.
Elle n’avait encore jamais été traduite en français.


La fille aux écouteurs



Poèmes traduits de l'allemand
et présentés par Roland Crastes de Paulet & Axel Wiegandt

bilingue, alidades 2025.
64 pages, 7,00 €, ISBN 978-2-494935-11-2


Pour composer le recueil dont le titre allemand «Wildniß» renvoie à la nature sauvage, et dont nous publions de larges extraits, Daniela Danz a voyagé, voyages de «recherche» qui l’ont tour à tour conduite dans l’Oural à Berezniki, dans les Carpates à la découverte de la forêt primaire de Stužica, à Marioupol enfin.
Chaque fois elle est allée au plus près de cette nature qui n’est ni domestiquée ni apprivoisée par les hommes qui en habitent les lisières, qui la vénèrent et la détruisent en même temps. Dans ses poèmes, Daniela Danz dit avec finesse notre rapport ambivalent à la nature sauvage, subtil mélange de crainte et de fascination, et l’intime conviction des hommes de ne pouvoir se soustraire à sa loi, à ses cycles qui voient se succéder périodes de pourrissement et de rapide croissance.
La «Ville de l’avant-garde» (Berezniki, capitale mondiale de la potasse, menacée d’engloutissement par l’effondrement des mines sur lesquelles elle a été édifiée) que parcourt la «fille aux écouteurs», exprime clairement cette ambivalence entre le désastre et l’espoir ; ceux qui y naissent, y vivent, y travaillent sont tout à la fois victimes et bourreaux, instruments du destin et d’une catastrophe écologique qui les dépasse.
Daniela Danz reproduit en virtuose certaines structures et certains mouvements présents dans la nature, ainsi dans les
Cascades où avec une rare intensité elle parvient à isoler chaque particule élémentaire d’une sensation. Peu à peu le lecteur se rend à l’évidence : le sauvage est à l’intérieur et à l’extérieur, en l’homme et dans la nature. Le sauvage est en tout : «... les lieux sauvages recouvrant tout tout.».


Extrait :

(...)

pose-toi mouche posez-vous pensées tremblantes
en ruine tombera l’étagère sur laquelle le sucre
était posé pour l’été
et il se répandra par terre
jusqu’à ce que les fourmis viennent l’emporter
petites et sures deviendront les pommes
et en ruine tombera le sentier de découverte trilingue
et la connaissance de l’histoire et la certitude
que les insectes écrasés reviendront
contempler leurs empreintes sur les murs
les renards viendront reprendre la rousseur
dont les habitants ne savaient que faire
déjà il fait plus frais dans l’ombre de la forêt qui approche
pourtant les lampes solaires éclairent encore
les tables encombrées
un seau renversé un ciel couvert
une poule en fuite et une sonnerie dans le sac à main
il manque déjà des chemins des balançoires
les enfants manquent et le trou dans le mur
que tu avais remarqué avant de t’endormir
en ruine tombera le village et son chef-lieu
en ruine tombera Bratislava
Münster – il n’y aura rien à y faire
et Weimar – ici malheureusement aussi le magasin
avec les fossiles
en ruine tombera le corps de Shirley Temple
et ton corps
et celui de celui qui lit ceci
l’aura lu ou a quelqu’un dans sa famille
l’ayant lu à l’époque où la forêt est venue
et a repris
le village que tu avais rejoint pour voir la forêt vierge

(...)



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