Collectif
Ici, près de la
terre...
Nouvelles de Sibérie
orientale du vingtième siècle, édition bilingue
alidades &
eurcasia 2001, collection Petite Bibliohèque Russe,
15 x 22 cm, broché, 208 pages, 21,50 , ISBN 978-2-906266-50-6
Nouvelles de :
Alexandre Vampilov, Alexandre Semionov, Valentin Raspoutine,
Guennadyï Machkine, Anatolyï Baïborodine, Kim Balkov
traduites par Alexandra Dauvergne, Jacques Imbert,
Odile Mauris, Lucile Nivat, Natacha Tissot,
préface dEmmanuel Malherbet.
À travers huit nouvelles
contemporaines ce recueil propose un parcours dans une
littérature qui nous est souvent mal connue.
De toutes ces nouvelles, il n'en est qu'une d'où la nature soit
absente ; partout ailleurs elle tient le rôle d'un personnage à
part entière, voire du personnage central. Le jaillissement du
printemps, symbole de la vie, est le terme que veut atteindre
dans L'ultime requête (Vampilov) un vieillard
octogénaire dont les jours sont comptés ; la taïga dans Une
histoire d'orpailleur (Machkine) est plus que le cadre
anecdotique d'un parcours initiatique ; elle apparaît, dans son
opposition aux séductions urbaines comme la matrice ambiguë de
cet alliage indestructible de richesse et de misère, de grandeur
et de petitesse brutale que l'auteur sait rendre avec une
acyuité et une vivacité qui relèvent de la description
d'objet. Le Baïkal de Rêve ou réalité (Baïborodine)
révèle l'homme à lui-même, minuscule et pitoyable sur
l'étendue glacée, mais en ressortant transfiguré et apaisé.
Alexandre Semionov (un des jeunes auteurs russes sur lequel il
faut parier) s'attache à montrer la simplicité humaine dans un
rapport à la nature relevant tout autant du combat que de la
vénération qui transparaît à chaque page dans les
descriptions minutieuses d'une nature vivante et comme habitée.
Tout comme Valentin Raspoutine, dont il est très proche,
Semionov souligne la place fondamentale de la nature dans la
reconquête de l'homme russe par lui-même, de sa dignité et de
son apaisement. Chez Raspoutine, la nature et le monde savent
transcender le réel et s'affirmer dans ce dépassement comme le
sens ultime de ce qui est et de ce que nous sommes dans la
relation à ce qui est, cela donné dans une manière
d'illumination conduisant à l'épanouissement.
Les convergences thématiques
de ces uvres n'interdisent pas une diversité d'écritures
et de préoccupations apte à donner de ce qui s'écrit
aujourd'hui en Sibérie une image suffisamment représentative.
Si les deux nouvelles de Vampilov s'inscrivent dans la grande
tradition russe du portrait, les textes de Raspoutine savent
allier à un certain classicisme narratif une liberté
d'inspiration qui leur confère un caractère indéniable de
modernité. Semionov procède par touches, règlant le mouvement
de ses personnages, physique et psychologique, sur celui plus
ample du paysage au sein duquel ils évoluent. Balkov jouent sur
la confusion des temporalités, tandis que Baïborodine et
Machkine préfèrent la linéarité d'un récit fortement marqué
de réalisme, d'où sont quasiment absentes les considérations
purement psychologiques. L'ensemble, sans aucun doute, ouvre à
de très vastes horizons...
ouvrage
publié avec le soutien de la Région Rhône-Alpes.
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