Didier Roubin
A terre, un
journal
alidades 2006,
collection Echafaudage,
12,5 x 21 cm, 44 pages, cahier, 5,00 .
ISBN 978-2-906266-68-1
"J'écris souvent
monocorde, monotone, ça me désole, mais tout de même, de temps
en temps un mot, une goutte de pluie sur une bâche en plastique
dans une cour d'immeuble, un plic! plus haut, plus clair qu'un
autre, plus fort que l'ondée navrée dont mes phrases sont
trempées."
Né à Montpellier en
1963, Didier Roubin vit actuellement à Nice. Marin dans la
grande plaisance depuis 1998, il est aussi dessinateur et
aquarelliste. "A terre" est sa première publication.
On est, avec Didier Roubin,
dans une écriture de lentre-deux, à la rencontre du
journal et du poème en prose, où se mêlent rêveries de
mémoire, notes prises au vif, instants détachés, le tout
teinté dune dimension méditative. Le mouvement
densemble est dynamique, ne serait-ce que parce que chaque
page, ou chaque instantané, sinscrit dans le déroulement
temporel ; mais cette dynamique est contredite par le temps
darrêt quexige la qualité poétique du propos.
Chaque texte vaut pour lui seul, ouvrant sur des espaces qui
excèdent celui restreint de la page donnée à la lecture,
obligeant à la pause, forçant à quelque chose qui est de
lordre de la station. À terre est, aussi bien, un récit,
un journal de voyage, mais dun voyage immobile, ou quasi
immobile, dans lespace, qui suppose la descente en soi. Non
sur le mode de lintrospection, bien évidemment, mais
plutôt à la manière dune conscience attentive tout
autant à ce qui lentoure quà la façon dont elle se
construit et se découvre au sein de ce qui lentoure.
Lécriture elle-même néchappe pas à ce mouvement
pour ainsi dire phénoménologique : «de temps en temps un mot,
une goutte de pluie sur une bâche en plastique dans une cour
dimmeuble, un plic! plus haut, plus clair quun
autre...». Elle est le medium et lobjet, par quoi
apparaissent tous les objets auxquels elle confère la
particularité de leur présence : Roubin écrit sur un mode
mineur, pas «à la maréchale» ; cest ce qui fait
quon est prêt à entrer dans son propos, à en accepter
lempathie, et somme toute à faire conaissance. Emmanuel Malherbet