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alain saey
albertine

 

William Shakespeare

Vénus et Adonis
précédé de Genèse d’une catastrophe par Michèle Le Dœuff

traduction et notes de Michèle Le Dœuff.
alidades 1986, collection ’travaux’,
14,5 x 22,5 cm, broché, 112 pages, 12,00 €,
ISBN 978-2-906266-01-8

Un des trois grands poèmes narratifs de Shakespeare, en lequel se nouent les thèmes de la séduction, de la liberté et de la mort, de la place respective des sexes, dans le drame qui oppose l’amour à la chasse. Adonis se dérobe aux assauts de Vénus, et c’est pour succomber sous la charge, ou comme on voudra, l’étreinte, d’un sanglier. Le poème pose la question de l’identité : s’il y a un sujet, quel est-il et que peut-il ? Dans l’essai critique dont elle assortit sa somptueuse traduction, la philosophe Michèle Le Dœuff, spécialiste de la pensée élisabéthaine, montre comment Shakespeare se trouve au croisement de l’héritage médiéval et de la pensée moderne.

«Foison d’images, richesse, abondance, générosité qui font tout d’abord penser à une scène mythologique de Rubens...»
La Nouvelle Revue Française.

Extrait :

« Laisse-moi te dire bonsoir, à présent, et toi, dis-moi bonsoir aussi. Si tu veux bien le dire, je te promets, tu auras un baiser. » «Bonsoir », dit-elle, — et, avant même que, lui, réponde « adieu », voici donnée l’offrande promise pour la séparartion.
Alors les bras de Vénus s’abandonnent autour du cou d’Adonis, dans une douce étreinte, et on dirait qu’ils ne font plus qu’un corps, et croissent ainsi, visage contre visage.

...jusqu’à ce qu’Adonis, hors d’haleine, disjoigne ses lèvres de celles de la reine, et, reculant, leur ôte l’humide contact de sa bouche de corail, dont ses lèvres à elle, qui avaient tant soif, savent désormais le goût exquis ; de cette bienheureuse moiteur, elles sont gorgées, pourtant se plaignent de périr de sécheresse.
Lui, qui défaille d’être pressé contre l’exhubérante plénitude de Vénus, elle, qui s’évanouit d’inanition, tous deux, les lèvres à nouveau jointes, les lèvres rivées ensemble, se laissent tomber à terre.

À présent, le désir impatient a capturé sa proie, qui ne résiste plus. Goulûment, elle le dévore, sans pourtant s’en trouver jamais rassasiée. Ses lèvres sont conquérantes, celles d’Adonis se soumettent, payant tous les tributs que l’assaillant demande.
Et l’imagination rapace de Vénus fixe si haut la rançon qu’elle va assurément mettre à sec le trésor immense des lèvres de l’autre.



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