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Ivan Tourguéniev

Deux journées dans les Grands-Bois

Récit traduit par Louis Viardot et Ivan Tourguéniev
alidades 2003, 14,5 x 21 cm, 32 pages, 4,50 €, ISBN 978-2-906266-54-4

On sait quelles furent les relations que Tourguéniev entretint bien sûr avec Pauline Viardot, mais aussi avec son mari, Louis, qui en bien des circonstances s’éleva au rang de bienfaiteur, de confident et d’ami de l’écrivain russe passablement malmené par l’existence. Homme de lettres, esprit fin et cultivé, Viardot maniait plutôt bien la langue russe, à ce point qu’il traduisit Pouchkine et Gogol en français. Quoique sans grand talent, ses goûts littéraires et artistiques le faisaient proche de Tourguéniev, aussi bien que ses valeurs éthiques et politiques. On le sait peut être moins, mais les Viardot jouèrent un rôle de premier ordre dans l’éclosion et l’affermissement de la carrière littéraire de Tourguéniev qui, nonobstant quelques essais prometteurs, et remarqués, avait, au moment de leur rencontre, une certaine propension à se satisfaire de projets remis à l’éternel lendemain russe, et s’accomodait, comme tant d’autres et sans trop de mal d’une existence plutôt oisive de dandy. Sans doute, Pauline fut-elle un «révélateur», ne serait-ce que parce qu’en elle la conception de son art était indissociable d’une terrible exigence de travail sans quoi il eût été vain de prétendre à quelque perfection que ce fût. L’admiration, et même l’adoration, que Tourguéniev porta à cette femme en fit le modèle qu’il s’essaya à imiter. Elle en était consciente, et le poussa dans cette voie, soutenue en cela par Louis qui eut vite fait de percevoir chez le jeune écrivain les promesses d’un talent qu’il fallait pousser à s’épanouir. Ainsi voit-on une œuvre s’affirmer et se construire dans le nœud d’une relation complexe où il faut bien admettre que prévalait quelque chose qui ressemble fort à ce que l’on appelait en ces temps la «grandeur d’âme».

C’est pourquoi publier «Deux journées dans les Grands-Bois» dans la version qu’en a donné Louis Viardot, même et surtout si les normes et les codes de la traduction littéraire ne sont plus les mêmes aujourd’hui, est une contribution non seulement à l’histoire de la littérature, mais aussi un témoignage discret sur une relation qui ne prit fin qu’avec la mort de Tourguéniev.

On retrouve dans ce court récit dont le projet remonte à l’époque des Mémoires d’un chasseur, mais qui ne fut achevé qu’en 1857, condensés mais bien présents, les thèmes chers à Tourguéniev : une extraordinaire acuité dans la perception de la nature, le souci du portrait et l’intérêt qu’il porte aux manifestations les plus authentiques de l’humanité, le penchant méditatif conduisant le récit vers la tonalité des poèmes en prose, la préoccupation morale. La traduction de Viardot, publiée à la librairie Hachette en 1858 dans un recueil intitulé Scènes de la vie russe, malgré quelques tics d’écriture propres à l’époque, témoigne quant à elle de la parenté qui liait les deux hommes. E.M.



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