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Aldo Zargani (1933-2020)

L'odeur du lac

alidades, collection ’Création’,
présenté et traduit de l'italien par Olivier Favier
12,5 x 21 cm, 40 pages, cahier, 5,30 €.
ISBN 978-2-906266-82-7

Ce recueil rassemble trois nouvelles (ou plutôt trois séquences) inédites (au moment où nous l'imprimons) en italien : L'odeur du lac, Procès à un chef d'orchestre, Dies Irae. Dans la première, Zargani revient sur son enfance : il a six ans en 1939 lorsqu'il accompagne ses parents à Lugano où ils espèrent s'établir pour fuir l'Italie fasciste où son père, premier altiste de l'Orchestre Symphonique de la RAI, vient de perdre son emploi à la suite de la promulgation des lois raciales antijuives. Cette écriture est, dans tous les sens du mot, une écriture de la mémoire, une reconstruction de ce qu'a pu voir, ressentir et peut-être comprendre l'enfant d'alors. Mélange lumineux d'humour et de drame, les petites choses anodines, tout autant que les autres, prenant toute leur perspective dans le contexte historique qui leur confère de multiples significations, ouvrant à de multiples lectures. On saura gré à Zargani de rester au plus près du ressenti, de ne donner ni leçon ni sermon, et de ne se poser jamais, lui ou les siens, en juge infaillible et définitif, non plus qu'en martyr. Ces pages sont pleines d'un humanisme profond, dont on mesure la sincérité et l'humilité : elles ont, sur des thèmes de mort, toute la puissance d'un hymne à la vie, toute la force d'une parole digne et sage.

Aldo Zargani est né à Turin en 1933 ; il a été comédien et a longtemps travaillé pour la RAI. Il a passé son existence à Rome. Les Éditions de l'Éclat ont publié de lui Pour violon seul, dans une traduction d'Olivier Favier (2007). Le n° 18 du Chemin des Livres lui est entièrement consacré, avec des entretiens et un récit inédit. Aldo Zargani nous a quittés le 20 octobre 2020.

Le n° 18 du Chemin des livres est consacré à Aldo Zargani.

extrait

"Le mois de septembre 1939 à Lugano était doux, ensoleillé et pourtant un peu triste, comme c’est le cas pour tous les beaux lacs du monde au début de chaque automne.

L’odeur du lac était perceptible aussitôt descendu du train, un parfum subtil, chargé d’humidité et des vies qu’il recèle. Un étrange et doux parfum, de ceux qu’on ne laisse pas de sentir jusque dans ses poumons, qu’on garde en soi jusqu’à la mort, parce qu’il n’ont rien d’un arôme momifié de flacon, et qu’ils exhalent bien au contraire des conditions changeantes : le matin, la pluie, le soleil, le vent, la nuit, un banc de petits poissons, les feuilles mortes qui s’éparpillent sur l’eau, les algues juste en dessous de la promenade, sur la rive...

Plongée dans ces effluves, au pied de la colline, la longue rangée de maisons, serrées les unes contre les autres pour ne pas perdre d’espace. De temps en temps des ruelles brisent la parade des palais, ruelles sombres qui s’enfoncent dans la vieille ville – classiquement italienne, comme à Côme, au bord du lac de Garde ou du lac Majeur... Mais la vieille ville paraît inexistante, il y a seulement l’obscurité, le lieu où s’est évanoui le parfum de la mémoire – là, près des frontières du manque, où commence le néant de l’oubli."



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