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Alexandre Vampilov

• Les nouvelles, édition bilingue. Traductions d'Irène Imart et Jacques Imbert.

• Le fils aîné (pièce en deux actes), traduction française de Cyril Griot.

Le n° 27 / 28 du Chemin des Livres est entièrement consacré à Alexandre Vampilov

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Les nouvelles

Connu pour son théâtre, Alexandre Vampilov (1937-1972) est aussi l'auteur d'un ensemble de nouvelles auxquelles on n'a jusque là guère prêté attention hors de Russie. D'une écriture directe, sans fioritures, elles constituent une suite de miniatures discrètement ironiques et toujours touchantes, où les situations ordinaires de l'existence laissent apparaître la complexité parfois absurde des relations humaines.


Cette série de 5 cahiers édités avec le concours des associations Eurcasia et Droujba-Isère réunit la totalité des nouvelles publiées par Vampilov dans différents journaux et revues.

I – Concours de circonstances ; Intermède ferroviaire ; Sur le banc ; Romance stomatologique.

II – Un sac en bandoulière ; Un mois à la campagne ou la mort d'un poète ; Le couteau finlandais et le lilas de Perse ; Des fleurs et des années ; Mémoire de linotte ; Des bruits ; Le lendemain.

III – Service municipal ; Un véritable étudiant ; Une folie ; La jalousie ; Fin d'une idylle ; Le succès.

IV – Le rendez-vous ; Sur un piédestal ; Les congères ; Confession d'un débutant ; Fin de partie ; Les peupliers ; L'étudiant.

V – La gare de Taïchet ; Le soleil dans un nid de cigognes ; Mon amour ; Une feuille d'album; L'ultime requête.


Les Nouvelles, I.

Concours de circonstances
; Intermède ferroviaire ; Sur le banc ; Romance stomatologique
.


Édition bilingue, traduit du russe par Irène Imart
alidades 2012, collection ’Petite Bibliothèque Russe’,
12,5 x 21 cm, 48 pages, 5,70 €, ISBN 978-2-919376-13-1

Né le 19 août 1937, orphelin à sept mois (son père est exécuté comme «ennemi du peuple»), Alexandre Valentinovitch Vampilov passe son enfance à Kutulik, près d’Irkoutsk, en Sibérie orientale. Il fréquente à partir de 1955 la faculté de philologie d’Irkoutsk et publie son premier récit, Concours de circonstances, dans une revue universitaire, peu de temps après la réhabilitation de son père survenue en février 1957. Un recueil de ses récits paraît en 1961, ainsi que ses premières pièces en un acte : Vingt minutes avec un ange, Maison avec vue sur un champ. À partir de 1959, il collabore au journal «La jeunesse soviétique», comme rédacteur, puis comme responsable de rubrique et secrétaire en chef. Il s’inscrit au cours supérieur de littérature de l’Université Gorki de Moscou et devient en 1965 membre de l’Union des Écrivains Soviétiques. Il se fait connaître, en Union Soviétique d’abord, puis à l’étranger, par son théâtre que caractérise une approche ironique de la réalité saisie dans les situations banales du quotidien, révélatrices des travers, des angoisses, des désirs inassouvis de ses contemporains. Il y a chez lui quelque chose du caricaturiste, mais d’un caricaturiste dont le trait n’assassine pas. On reconnaît aujourd’hui en lui un des artisans du renouveau du théâtre russe ; des pièces telles que L’été dernier à Tchoulimsk (1972), Le fils aîné (1967) ou La chasse au canard (1970) sont données dans le monde entier.
Des trente nouvelles qu’il a publiées, seules deux ont été à ce jour traduites en français ; elles constituent pourtant une série de tableaux et de saynètes où la complexité des êtres et des situations, sous une apparente simplicité, est rendue avec humour et tendresse.
Alexandre Vampilov meurt accidentellement le 17 août 1972 lors d’une partie de pêche sur le lac Baïkal.

Extrait :

(...) La jeune fille protestait, riait, levait un sourcil plus haut que l’autre. Mais quand Virussov en vint à lui demander, d’un ton badin, comment elle s’appelait, elle se souvint qu’une amie l’attendait quelque part, voleta comme un oiseau et s’en alla, sautillante, le long de l’allée.
Les deux amis se sentirent désemparés. Lui courir après n’avait pas de sens ; Chtoutchkine voulut s’en convaincre, mais Virussov le retint par la manche en criant à la jeune fille :
– Ça vous arrive de passer par ici?
– Parfois! répondit-elle à la légère, tandis que sa silhouette s’évaporait dans le crépuscule.
Les deux jeunes gens rentrèrent chez eux en silence, comme s’ils s’ignoraient. Eussent-ils souhaité s’isoler qu’ils ne l’auraient pu. Ils vivaient dans la même rue, le même immeuble, la même chambre.
À l’approche du lendemain soir, les deux amis entreprirent de rassembler leurs affaires. Virussov voulait rendre visite à son oncle, lequel, à ce qu’il supposait, devait subir, ce soir même, un accès de malaria ; Chtoutchkine manquait à une brave tante, dont il avait honteusement oublié l’existence jusque-là. L’oncle à la malaria et la tante esseulée avaient ceci en commun qu’ils adoraient les cravates à la mode et les coiffures impeccables de leurs neveux.
Ces préparatifs terminés, les jeunes gens sortirent et chacun s’en fut de son côté.
(...)

(Concours de circonstances, 1958)

 


Les Nouvelles, II.

Un sac en bandoulière
; Un mois à la campagne ; Le couteau finlandais et le lilas de Perse ; Des fleurs et des années ; Mémoire de linotte ; Des bruits ; Le lendemain
.

Édition bilingue, traduit du russe par Irène Imart
alidades 2012, collection ’Petite Bibliothèque Russe’,
12,5 x 21 cm, 52 pages, 6,00 €, ISBN 978-2-919376-16-2

Ce deuxième recueil présente des nouvelles publiées en 1958, principalement dans les revues L'Université d'Irkoutsk et La jeunesse soviétique. L'auteur a alors 21 ans et déborde d'imagination ; il semble que tout soit susceptible de l'intéresser : on croisera dans ces textes un vieux couple, un veilleur de nuit sage et désabusé, un jeune bringueur avec sa gueule de bois, une jeune fille romantique, un voyou malheureux, le rédacteur d'une revue littéraire, une autre jeune fille, moins romantique et qui sait ne pas s'en laisser conter. Vampilov s'amuse, sans doute, et sait faire rire ; mais il sait aussi saisir la gravité des situations, leur profondeur et leur charge dramatique et touchante. Son écriture, dès ces années-là, semble de plus en plus tournée vers le théâtre ; ses nouvelles sont bien souvent de petites pièces miniatures pleines de relief et de sensibilité.



Les Nouvelles, III.

Service municipal ; Un véritable étudiant ; Une folie ; La jalousie ; Fin d'une idylle ; Le succès.

Édition bilingue, traduit du russe par Irène Imart
alidades 2013, collection ’Petite Bibliothèque Russe’,
12,5 x 21 cm, 52 pages, 6,00 €, ISBN 978-2-919376-21-6

D’une écriture simple, directe, toujours efficace avec ses dialogues pleins de vie, ce troisième recueil offre des textes au caractère, pourrait-on dire, printanier. S’y révèle une approche enjouée et amusée de l’existence. Les personnages qui habitent ces pages sont comme des types de la réalité russe des années soixante : le responsable municipal et le passant imbibé qui se retrouvent au fond d'une tranchée ouverte au cœur d'une rue (depuis quand, nul ne le sait) ; le pionnier lassé du miroir aux alouettes d'une ville pionnière qui s'éternise dans l'éternelle virtualité des "Ici, il y aura..." ; le jeune homme qui conquiert l'amour en se ruinant en note de taxi ; le professeur hors du temps ("il appartenait à la science"). Bref, tout un monde que Vampilov enferme dans des suites dialoguées où les éléments narratifs font office de didascalies.



Les Nouvelles, IV.

Le rendez-vous ; Sur un piédestal ; Les congères ; Confession d'un débutant ; Fin de partie ; Les peupliers ; L'étudiant..

Édition bilingue, traduit du russe par Irène Imart
alidades 2014, collection ’Petite Bibliothèque Russe’,
12,5 x 21 cm, 56 pages, 6,00 €, ISBN 978-2-919376-25-4

Ce quatrième recueil témoigne d'une écriture qui s'affirme, cherchant à concilier le souci du détail, un certain lyrisme, la brève et lumineuse intensité des situations. Ces nouvelles, où toujours affleure une touche d'humour, savent exprimer toute l'attachante poésie du quotidien. Vampilov, manifestement, penche parfois vers un lyrisme plus classique qu'il sait combiner à la rapidité narrative et anecdotique de ses textes, le tout produisant un effet de profondeur et de richesse qui n'est pas sans évoquer une esthétique propre au cinéma. Les situations, souvent cocasses, parfois tirant vers le tragique, témoignent toujours du souci bien affirmé d'explorer la réalité humaine.



Les Nouvelles, V.
La gare de Taïchet ; Le soleil dans un nid de cigognes ; Mon amour ; Une feuille d'album ; L'ultime requête.

Édition bilingue, traduit du russe par Irène Imart et par Jacques Imbert
alidades 2014, collection ’Petite Bibliothèque Russe’,
12,5 x 21 cm, 56 pages, 6,00 €, ISBN 978-2-919376-31-5

Les textes réunis dans ce cinquième recueil des Nouvelles sont sans doute les plus éloignés de l'écriture théâtrale qui caractérise les précédents récits. Il y a, de la part de Vampilov, une prise en main de la narration et une acceptation de ses codes. Les descriptions, qu'on ne peut plus assimiler à de simples didascalies, ont gagné en ampleur autant qu'en profondeur et en précision, et jouent un rôle de premier plan dans la progression dramatique ; elles éclairent et prolongent l'intériorité des personnages alors que la tonalité générale se fait plus méditative et devient plus grave.
Si bien des nouvelles des précédents recueils faisaient penser à des saynètes, on n'est ici pas loin d'avoir entre les mains de véritables petits romans.

Extrait :

Il offre sa tête de blondinet aux rayons du soleil et attend de voir s’il se couchera dans le nid de cigognes.
Il était déjà là hier et, hier aussi, il attendait un miracle.
Mais le soleil avait roulé au-dessus du champ et s’était couché quelque part dans la forêt lointaine. Peut-être qu’aujourd’hui il se couchera dans le nid de cigognes?
Hier il avait demandé:
– Il sera à l’étroit, le soleil, dans le nid de cigognes?
On lui avait répondu:
– Gros bêta! Va te laver les mains!
On lui avait répondu:
– Le soleil est loin. Il ne se couchera jamais dans un nid de cigognes.
On lui avait répondu:
– Le soleil, c’est le soleil, et la terre, c’est la terre. Si le soleil se couchait sur la terre, tout brûlerait. Compris?
Il avait compris, mais il avait très envie de croire que le soleil pouvait se coucher dans un nid de cigognes. Et il espérait qu’un jour cela se produirait.
Le voici donc assis sur le perron dans l’attente de quelque chose d’extraordinaire, qui ne ressemble à rien de ce qu’il a vu jusque là.

Le soleil dans un nid de cigognes (1963)



Le fils aîné
Pièce en deux actes

Traduction de Cyril Griot
alidades 2016, collection ’Petite Bibliothèque Russe’,
13,5 x 21 cm, 64 pages, 6,50 €, ISBN 978-2-919376-41-4

Lorsque Alexandre Valentinovitch Vampilov se noie accidentellement dans le lac Baïkal le 17 août 1972, il n'a que 35 ans et son talent d’auteur dramatique commence tout juste à être reconnu dans une Union Soviétique où le «dégel» culturel, quoique bien réel, se heurte encore aux pesanteurs, aux conservatismes et aux hésitations. Pour preuve, ses pièces Les adieux (1966) et Le fils aîné (1965-1970) ne sont acceptées à Moscou que l’année de sa mort. Cependant Vampilov est en 1973 l’auteur le plus joué en U.R.S.S. (pas moins de 39 représentations de Le fils aîné) et sa renommée ne s’est pas amoindrie jusqu’à nos jours. Si son théâtre a été intégralement traduit en diverses langues et a su susciter l’intérêt des metteurs en scène anglais, espagnols, américains, canadiens, sa diffusion reste très confidentielle en France: peu traduit, peu édité, peu joué. C’est que l’œuvre de Vampilov est à prendre avec des pincettes: de facture apparemment classique, en tout cas ne cherchant pas ses effets dans des choix d’écriture ostensiblement en rupture avec la tradition du théâtre russe, elle sait ménager une part d’incertitude légèrement (mais si efficacement) grinçante, un décalage permanent entre la comédie et le drame, entre l’apparente légèreté des situations et ce regard à peine ironique et désabusé qu’elles appellent. Il y a manifestement chez Vampilov une «petite musique» qui en dit long sur sa vision de l’époque qui fut la sienne, sur la perception attentive qu’il avait de ses semblables qui sont aussi les nôtres. À n’en pas douter, cette musique-là mérite qu’on la joue, et qu’on l’écoute. E.M.



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